Vin rosé : des goûts et des couleurs

Quand on parle des goûts et des couleurs du vin rosé, c’est tout un poème. Car le vin rosé intrigue par son ambiguïté. Contrairement à ses cousins rouge et blanc, il demeure difficile à appréhender tant par la variété de ses couleurs que par sa moindre capacité de garde.

Oscillant au fil des siècles entre mépris et respect, le vin rosé est désormais entré dans sa période « trendy ».

Aujourd’hui, passer un été sans rosé est un pêché ! Or, cette passion apporte avec elle son lot d’amalgames en matière de goût et de couleur du vin rosé.

La couleur du vin rosé est un critère de mode plus que de qualité

La tendance actuelle est bel et bien au rosé pastel clair, voire diaphane. Cette translucidité séduit plus d’un tiers des consommateurs de ce type de vin car elle semble être un gage de légèreté et de finesse. La couleur influence donc très nettement le choix du consommateur.

Quelle couleur de vin rosé avec… mon humeur, ma déco, mon teint ?

La robe du vin rosé se compose d’une palette chromatique très large. Sur les 140 tons référencés par l’Institut Français de la Vigne et du Vin, le Centre de Recherche et d’Expérimentation sur le Vin Rosé a établi un nuancier référentiel de 9 principales couleurs du vin rosé en Provence. Ainsi identifiés, ces tons ont été nommés : « marbre rose » ou « chair » pour les plus clairs à « saumon » ou « framboise » pour les plus foncés. Mais les producteurs n’en sont certainement pas restés là !

Face à cet engouement pour la pigmentation de ce vin plaisir, certains se sont engouffrés dans cette brèche marketing en rivalisant d’inventivité sur les nuanciers. Aux côtés des traditionnels « litchi » ou « abricot », ou peut trouver des « prunus », « pétale de rose » ou encore « mandarine ». Parfois les teintes s’inspirent du maquillage comme le célèbre « blush » emprunté aux californiens, ou de la rose avec la « cuisse de nymphe émue » … Choisir son vin devient esthétique, voire poétique !
Puisqu’un vin est d’abord vu avant d’être bu, l’apparence, pour ne pas dire l’image, a été privilégiée au détriment peut-être des véritables critères de qualité d’un vin.

Le vin rosé est avant tout un vin

La pâleur des vins provençaux, évoquant l’élégance, n’a cessé de s’affirmer au point qu’aujourd’hui certains vignobles éclaircissent au maximum la couleur de leur vin rosé. Mais celle-ci n’a jamais été une qualité organoleptique du vin.
Car n’oublions pas l’essentiel : le vin rosé est destiné à être consommé. Et pour être sûr qu’il soit à son goût, encore faut-il bien le choisir et apprendre à décoder les indices qu’il donne, comme pour un vin rouge ou un vin blanc.
Les meilleurs outils dont on dispose sont l’œil, le nez et la bouche.

Le plaisir des yeux

L’analyse visuelle donnera des indications sur son âge, sur sa vinification, sa conservation, son cépage…

Le bouquet de communion

L’analyse olfactive permettra de déceler les différents types d’arômes, tels que floraux, fruités, épicés…

La caresse du gosier

L’analyse gustative délivrera les notes finales, c’est-à-dire les saveurs élémentaires telles que le sucré, l’acidité, l’amertume, l’alcool…

On l’aura compris, le vin rosé s’apprécie au regard des 3 sens dont on dispose, auxquels on pourrait même ajouter l’ouïe avec la qualité du bruit du bouchon…

Le goût du vin rosé n’est pas celui de sa couleur

Par ailleurs, le goût et la couleur du vin rosé ne sont pas liés entre eux. Il existe des rosés pâles pleins de saveurs alors que d’autres sont d’une fadeur extrême.

Clarté n’est pas légèreté !

Contrairement aux préjugés, la réalisation du vin rosé est un travail précis et délicat, tout du moins autant que les autres vins, suivant les objectifs visés. Ensuite, sa variation chromatique dépend de sa méthode de vinification.

En effet, c’est essentiellement le temps de macération du raisin choisie qui va influer sur la coloration du vin.

Rappelons que le vin rosé est réalisé à partir de raisins noirs, dont la peau rouge contient le tanin qui teinte le jus de raisin. Les méthodes les plus utilisées pour obtenir un vin clair sont :

  • un pressurage rapide après la vendange pour éviter le transfert de couleur de la peau vers la pulpe
  • un foulage précis pour éviter d’extraire trop de tanin
  • une macération courte

(À lire aussi : notre article « vieillissement du vin rosé : oui c’est possible !« )

Autrement dit, les différents tons du vin rosé ne donnent aucune indication sur son taux d’alcool.

Variation chromatique et variation de cépages

Suivant les cépages utilisés, les degrés de maturité sont différents. Ce qui provoque des robes plus ou moins sombres et modifie le goût du vin rosé. Même s’ils finissent par s’éclaircir pour entrer dans le code « pâle » du rosé provençal…

Les cépages des terroirs chauds donneront des raisins à peau plus épaisse et plus pigmentée. Un cépage situé plus au nord, sous un climat frais, aura un raisin plus clair.

Faisons un rapide tour des terroirs :

  • dans le sud-ouest, ce sont plutôt des rosés secs structurés, aux couleurs plus soutenues, avec des saveurs allant vers les fruits rouges et noirs
  • la Vallée du Rhône produit un vin rosé de soleil aux saveurs fraise et cerise
  • la Provence apporte un rosé fruité et floral, gourmand et frais
  • le Languedoc offre une touche désaltérante ou complexe selon les cépages
  • dans le Val de Loire, les rosés sont tendres aux saveurs groseille

Ne choisissez plus votre vin rosé les yeux et la bouteille fermés ! Sachez appréhender tout ce que peut vous offrir ce nectar aux multiples nuances.

En somme, quelle que soit sa couleur, vous trouverez dans le vin rosé des variations de goût autant adaptés aux apéritifs gourmands qu’aux plats raffinés de gourmet.



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